Le 2 octobre, le Premier ministre Michel Barnier a décidé d’apporter la garantie financière de l’Etat pour l’attribution des Jeux d’hiver de 2030 aux Alpes françaises. Un timing surprenant à seulement quelques heures d’un discours de politique générale insistant sur la situation compliquée des finances publiques françaises.
Après ces déclarations, il est difficile de comprendre comment un chef de gouvernement peut s’imaginer provisionner ces garanties dans les 6 années à venir. Face à une situation budgétaire compliquée, chaque décision doit être prise au bénéfice de l’intérêt général, or signer cette lettre de garantie signifie que nous nous engageons à livrer ces Jeux quoiqu’il en coûte et à couvrir un éventuel déficit à l’issue de la compétition.
Sur le plan financier, une interrogation centrale demeure : qui va payer quoi ? Nous rappelons qu’aucune délibération financière n’a été votée par les conseils régionaux en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes ce qui empêche de connaître les clefs de répartition et de savoir quel montant ces Régions devront engager. De plus, il est bien connu que les budgets de Jeux sont constamment plus élevés que prévu. S’engager sur quelque chose d’aussi volatile alors que notre pays affronte une dette record est de la pure folie.
Ni le Premier ministre, ni les présidents de Régions n’ont jugé bon d’associer les collectivités locales aux différentes étapes, de la candidature à la signature des garanties financières. Ce déni de coopération et de compétences est une erreur manifeste quand on sait combien la mobilisation d’un territoire dans son ensemble sera incontournable.
Il y a quelques jours, nous apprenions que Michel Barnier souhaitait une relecture minutieuse du dossier de candidature bouclé à la va-vite quitte à informer le CIO que la lettre de garantie pourrait connaître un léger décalage dans le temps. Quand on connaît la passion déraisonnée de l’actuel Premier ministre pour les Jeux d’hiver, cette hésitation de dernière minute illustre bien les doutes que nous sommes un grand nombre à partager autour de ce projet mal ficelé.
Une fois de plus, ce type de décision se prend en l’absence de concertation citoyenne et dans le flou démocratique le plus total. Les sommes engagées sont pourtant colossales et devront être prélevées sur d’autres politiques publiques pour que ce projet soit mené à bien.