Christophe Najdovski, candidat EELV à la mairie de Paris, a publié le 29 août une tribune pour Libération.
Le stade Jean-Bouin est inauguré aujourd’hui : 20 000 places, près de 160 millions d’euros engagés sur financement public, dédiés à un club, le Stade français, pour une vingtaine de matchs par an. 120 millions d’euros de trop sont dépensés dans ce projet pharaonique.
Si une gestion saine des équipements publics avait primé, une rénovation de l’arène parisienne, sans démolition, aurait pu être réalisée – le stade offrant ainsi environ 15 000 places, capacité suffisante pour accueillir la plupart des matchs du Top14 – pour un coût d’environ 40 millions d’euros. En fonction de l’enjeu, une partie des matchs du Stade français auraient pu se jouer au Parc des Princes ou au Stade de France.
La frénésie des grands stades se poursuit : la fédération française de rugby court après la chimère d’un «Twickenham à la française» ruineux, le Racing Métro 92 s’embourbe dans un projet d’Arena tout aussi incertain. Dans le cadre du Grand Paris, une conception métropolitaine du sport doit primer : mutualisons les équipements, comme le Parc des Princes l’avait été pour le football entre le PSG et le Matra Racing dans les années 80. Le sport professionnel obéit à des logiques financières privées mais le rôle des collectivités est de soutenir le sport de proximité.
Pour le prix du stade Jean-Bouin, on aurait pu construire une vingtaine de gymnases polyvalents, écologiques et modernes utilisés tous les jours par les Parisiens et par les clubs. Amoureux du sport, je souhaite développer des équipements pour tous, à contre-courant d’une politique sportive dédiée au prestige et au clinquant. Malgré de réels efforts depuis douze ans, les infrastructures de proximité manquent pour les 2,3 millions d’habitants de la capitale. Elles sont vieillissantes et se concentrent aux alentours du périphérique.
Je veux porter pour Paris une politique sportive favorisant le sport pour tous, la reconquête de l’espace public, le renforcement des solidarités locales et des liens entre générations, le contact avec la nature (avec ouvertures nocturnes des parcs parisiens), la mobilité active (vélo, marche à pied).
Je propose un plan de construction de gymnases et de piscines de proximité avec la réalisation de bassins naturels et écologiques à système d’assainissement végétalisé. Je souhaite dessiner un circuit de promenade, roller, jogging, parcours de santé, glisse, et de vélo le long des berges de la Seine, reliant les bois de Boulogne et de Vincennes, et un parcours de randonnée et sportif sur la Petite Ceinture.
Je m’engage à piétonniser des rues pour les ouvrir aux loisirs sports, faire de Paris la capitale mondiale du vélo d’ici à 2020 (accessibilité des grands axes et places, véloroutes, garages à vélo, aménagement des portes, Vélib métropolitain), mettre en place des Nuits du sport gratuites et ouvertes à la métropole, encourager la pratique du sport dans l’espace public par les jeunes filles et les femmes, porter les subventions globales du sport amateur à hauteur de celles pour le sport professionnel, remettre le stade Charléty sur pied et au service des Parisiens à l’issue d’une grande enquête publique sur son avenir.
Une nouvelle ère doit s’ouvrir, avec la fin de la folie des grands stades, poudre aux yeux médiatique et gabegie narcissique qui empoisonne le sport populaire, et l’avènement d’une pratique du sport par toutes et tous, dans et hors les stades.