Ecologiser les manifestations sportives !
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2,5 millions de manifestations sportives sont organisées chaque année en France.10 000 courses sur route ont été réalisées en 2012 et pour mémoire, 450 000 bouteilles pour le Marathon de Paris ont été distribuées. Roland Garros, c’est 8 200 MWh en 15 jours ; Finale du TOP 14 de rugby 2011 au stade de France : 114 millions de kms cumulés par les spectateurs.

La liste serait encore longue.

Au niveau communal et communautaire, l’organisation des manifestations sportives se traduit chaque semaine, chaque week-end par des randonnées pédestres, tournois de tennis, passages de grands événements, championnats divers, entrainements…

Ces événements sportifs peuvent être décrits ainsi : gaspillage, déchets, visée élitiste, compétition exacerbée,…

Mais ces événements existent, ils font partie du paysage sportif français et au contraire ils doivent devenir, sous l’impulsion des élu/es écologistes des lieux d’éducation, de mixité, d’éducation à l’environnement, d’accessibilité, de réduction des émissions de CO2, de sensibilisation, de mieux manger, d’insertion, d’égalité, de gestion responsable de l’énergie, de communication adaptée, d’achat local, de respect de la biodiversité, d’économie locale…

 

Concrètement, une manifestation sportive responsable, c’est quoi ?

C’est une vision globale des impacts potentiels ou existants que va impliquer la mise en place d’actions. Deux objectifs majeurs : maximiser les impacts positifs (sociaux et pour l’économie locale) et minimiser les autres impacts (environnementaux), tout ceci dans un souci de gouvernance partagée.

Pour y arriver, tous  les domaines doivent être passés au filtre écologiste (restauration, déplacement, énergie, respect des sites,…). La liste des actions est longue, avec des enjeux de plus ou moins grande importance suivant le lieu de l’événement, les sportifs, la discipline. Différents guides existent pour comprendre ces enjeux et mettre en place des actions. Le plus connu est celui réalisé par l’UFOLEP, fédération sportive pionnière. Par exemple, sur la question des transports et des manifestations sportives, voici des préconisations tirées de ce guide :

  • Durant la préparation de la rencontre, limiter les déplacements grâce aux nouveaux outils de communication : conférences téléphoniques, courriers électroniques, visio-conférences…
  • Inciter à l’utilisation des transports collectifs pour venir sur le lieu de la rencontre.
  • Informer sur les transports collectifs sur place (train, métro, horaires, bus) dans le dossier d’inscription. En connaissant les inscrits à l’avance, il est facile de coordonner les parcours des bus ou des voitures afin de limiter l’usage des transports individuels et ainsi réduire le coût des déplacements.
  • Mettre des navettes collectives à disposition (gare – lieu de déroulement – hébergements – terrains de la rencontre). Il s’agit aussi, dans la mesure du possible, de veiller à la proximité de ces lieux entre eux pour économiser les transports.
  • Prévoir un fléchage dans la ville pour éviter les tours et détours des transports collectifs et particuliers.
  • Négocier avec les collectivités locales concernées des tarifs spéciaux sur les transports collectifs.
  • Sécuriser l’accès à la manifestation en vélo.
  • Sur le site web de la manifestation : mise en commun pour co-voiturage.
  • Parking spécial pour les véhicules qui co-voiturent.

Plusieurs sites internet nationaux ou locaux permettent d’organiser facilement le co-voiturage. Leur utilisation permet d’encourager les participants à faire le trajet ensemble et de mettre en avant l’engagement pour minimiser l’impact transport, mais également de promouvoir l’événement.

  • Prévoir des parkings pour bus (transports en commun, accueil de groupes).
  • Mettre en place un plan de circulation, un fléchage en matériaux recyclables ou réutilisables, un plan de stationnement pour éviter les tours et détours des transports collectifs et des particuliers.
  • Prévoir la compensation CO2 pour les déplacements et l’utilisation des engins motorisés (bateaux de sécurité, motos suiveuses,…).

 

Des propositions intégrer dans les programmes

Une nouvelle politique d’aide aux manifestations sportives

Les aides des collectivités sont les principales ressources des associations sportives. La volonté de transformation des pratiques, de réduction des impacts des manifestations, doit s’appuyer sur ce levier financier, souvent déterminant. Différentes pistes sont possibles :

  • Des bonus pour des associations qui ont des organisations particulièrement vertueuses (actions de sensibilisation, accessibilité, actions en direction de publics prioritaires,…)
  • Des malus pour des comportements comme par exemple certaines manifestations sportives mécaniques, des événements en milieu naturel qui ne se préoccupent pas des conséquences sur les sites (eau, biodiversité,…)
  • Des conventions pluriannuelles qui intègrent une progressivité dans la prise en compte des enjeux, comme par exemple pour les déplacements :

année 1, mise en place du covoiturage (incitation à l’inscription et création d’une plateforme) et

année 2, questionnaire distribué aux participants et calcul des émissions de CO2 générées

année 3, élaboration d’un plan de réduction des GES

Des formations

C’est une étape indispensable. Bien entendu, la palette des possibles est large : de la sensibilisation au perfectionnement. Il est bon de s’appuyer sur des personnes ressources, des dirigeants placés au cœur des associations, motivés par le sujet. Différents organismes (CDOS, CROS, Ministère en charge des sports, fédérations, collectifs associatifs,…) organisent ou peuvent organiser ces formations, qui doivent être mutualisées entre clubs car la question est transversale aux acteurs du sport. La mutualisation aussi sera un atout.

Un kit associatif « Sport responsable »

Peu coûteux, il peut être valorisant et déclencheur d’envie pour les responsables associatifs. Des initiatives existent, mises en œuvre dans des communes par des élu/es écologistes, et ont porté leurs fruits. Il peut être composé de :

  • gobelets permanents lavables pour les buvettes,
  • de T-shirts écologiques,
  • de rubalise biodégradable,
  • des tickets de transport en commun pour se déplacer,
  • d’outils de sensibilisation,…

Sa distribution par les élu/es sera aussi une valorisation de l’action municipale et une incitation pour toutes les associations du territoire.

Une charte de pratique responsable

Même si son impact peut être de l’ordre de l’anecdote, elle peut aussi servir de réflexion collective au sein du club pour trouver les 10 engagements, propres au club, à la discipline sportive pratiquée. Cette charte sera valorisée et signée par tous les sportifs/ves. Différents exemples de charte existent.

Une norme

Et pourquoi ne pas asseoir le savoir-faire des organisateurs en faisant valider la démarche responsable d’une organisation sportive par une certification, ISO 26 000 ou Iso 20121 ?

Associer événements sportifs et questions écologistes

Inciter, lors de rencontres sportives d’envergure, les dirigeants sportifs à inviter des associations engagées sur la protection de la nature, sur la solidarité, sur la promotion de circuits courts etc.

 

Pour aller plus loin

Téléchargez le kit événement responsable du ministère en charge des sports

Guide développement durable et manifestations sportives

Natura 2000 et manifestations sportives