Dix propositions pour le tourisme à Paris !
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Paris est la première destination touristique mondiale. Cette situation représente un atout exceptionnel pour l’économie parisienne mais également pour ses habitant/es. Souvent mal perçu, le tourisme représente 300 000 emplois directs et indirects non délocalisables  et pèse 14 milliards d’€ de chiffre d’affaires global !

Il s’agit de la principale activité économique de la capitale, générant l’activité de plus de 15 000 entreprises et 350 millions d’€ d’investissements. Enfin, le tourisme rapporte directement 39.5 millions d’€ à la Ville.

C’est un atout exceptionnel pour les Parisien(nE)s.

Au-delà de l’impact économique non négligeable aussi bien en termes d’emplois que de recettes, le tourisme est également une chance pour au moins deux raisons :

  •  Le tourisme rend possible des milliers de projets : culturel, de loisirs, d’animation et le développement de commerces. C’est particulièrement vrai dans le domaine culturel. La qualité des programmations mais également des monuments historiques, des musées etc. est très largement financés grâce au tourisme.
  • Le tourisme a également un rôle social et éducatif. Il permet aux habitants de s’ouvrir sur le monde et à l’altérité.

 

Les enjeux à l’horizon 2020

Actuellement et pour les dix prochaines années, le tourisme mondial connaît de fortes mutations qui sont autant de défis à relever pour Paris.

  • L’accroissement sans précédent des flux touristiques mondiaux : Paris et sa Région doivent se préparer à recevoir annuellement environ 10 millions de touristes supplémentaires à l’horizon 2020, dépassant ainsi les 40 millions de touristes annuels pour Paris Île-de-France.  Ces « nouveaux touristes » seront essentiellement natifs des pays émergents.
  • L’intensification de la concurrence mondiale liée notamment à l’émergence de nouvelles destinations (Bangkok, Doha, Berlin, etc.) mais également à des destinations très dynamiques (Londres, New York, Barcelone, etc.).  Dimension non négligeable, le segment des clientèles affaires devient de plus en plus concurrentiel et Paris perd des parts de marché.
  • Une évolution du comportement des consommateurs et des pratiques : bien-être, écotourisme, « tourisme responsable ».
  • La révolution des NTIC a bouleversé les pratiques commerciales en favorisant le regroupement et la mise en réseau d’une offre atomisée, avec l’apparition de nouveaux modes d’information et de réservation, etc.
  • De nouvelles stratégies d’entreprises :

–  Le développement des Partenariats Public Privé.

– Remise en cause du portage des actifs (programme de vente des murs à des foncières immobilières) ce qui change le financement des investissements. Apparition de nouveaux acteurs : foncières et fonds d’investissements.

– Recherche d’une utilisation optimale des équipements (villages de vacances ou résidence de tourisme), avec la mise en place de prestations à destination des clientèles de séminaires sur les périodes creuses d’activité.

– Reprise en main de la commercialisation pour limiter l’action des « Online Travel Agencies » dont les commissions ont tendance à s’accroître (Booking / Trip Advisor).

– Investir pour mieux répondre aux exigences des consommateurs. Cela passe par des investissements matériels (rénovation et développement de nouveaux produits, nouvelles technologies, le multi langues / réservation en ligne / réservation de dernière minute / positionnement géographique des visiteurs)) et des investissements immatériels (R&D, développement des marques, formation du personnel…)

– Prises en considération de nouvelles dispositions stratégiques (développement durable / accessibilité) pour moderniser l’offre et répondre aux nouvelles contraintes réglementaires – Loi Handicap 2015, par exemple. Cette dernière question n’est d’ailleurs pas sans interroger Paris car elle pose directement la question du financement de la mise aux normes et de la montée en gamme des équipements touristiques, particulièrement dans l’hôtellerie.

– D’une manière générale, de nouvelles attentes des consommateurs de plus en plus exigeants sur la qualité et le contenu de l’offre touristique elle-même.

Les difficultés posées sont également multiples :

  • La première, d’entre elles, constitue les fortes émissions de CO2 puisque le secteur touristique générerait près du 1/3  des « émissions économiques » en Île-de-France. Ces émissions sont principalement liées aux transports aériens. Or, on constate que les prévisions de trafic sont en forte augmentation pour les années qui viennent.
  • La cohabitation entre les habitants et les touristes. Autant il est nécessaire de renforcer la qualité de l’accueil, autant il faut trouver des solutions pour permettre une meilleure cohabitation et éviter le phénomène de saturation aussi bien dans les équipements touristiques et culturels que dans les transports.
  • La saturation de l’offre. Chacun peut la constater quotidiennement ! De plus, cette question se pose également pour l’hébergement puisque l’on estime le besoin en chambres à 20 000 pour les dix prochaines années.
  • L’utilisation de la Taxe de séjours.

Cette taxe doit être affectée. Or, on peut constater que le budget du tourisme de la Ville n’est pas de 40 millions d’€, mais simplement d’environ 12 millions d’€ de subvention d’investissement pour l’Office de Tourisme de Paris et probablement moins d’1 million d’€ de frais de fonctionnement du cabinet de l’adjoint au Maire ; un seul agent de la Ville est dédié au tourisme. Néanmoins, la Ville intervient également sur des opérations ponctuelles d’aménagement touristique. Par exemple, la création d’une Auberge de Jeunesse est prévue dans l’aménagement de la ZAC Pajol.

 

Nos propositions

Fort de ce constat, il est évident que la politique des écologistes doit se concentrer sur 2 axes forts : la conversion écologique du secteur touristique et l’amélioration des conditions d’accueil, à l’instar de la Stratégie Régionale du Tourisme et des Loisirs votée à l’unanimité par l’Assemblée régionale en novembre 2011.

Faire de Paris, la première destination mondiale durable et responsable.

  • Constituer au sein des services de la Ville une direction du tourisme qui sera la cheville ouvrière d’une politique forte pilotée par un/e Maire adjoint/e dédié/e au tourisme.

Elle aurait notamment pour rôle d’établir une stratégie parisienne de développement touristique durable, d’établir un plan d’actions à 5 ans et de piloter les outils opérationnels en lien avec les acteurs existants : Office du Tourisme de Paris, Région, Comité Régional du Tourisme, Comité Départemental du Tourisme, Atout France.

  • Afin de lutter contre les émissions de GES, trois actions peuvent être lancées. 

– Développer une politique de promotion concentrée sur les destinations de proximité (accessibles en TGV/train).

 Aujourd’hui, l’Office du Tourisme de Paris mène des campagnes principalement en direction des « cibles lointaines » (pays émergents accessibles uniquement par voies aériennes). Il ne s’agit en aucun cas d’empêcher ces visiteurs de venir à Paris, mais cela aurait au moins le mérite de la cohérence face à l’ambition écologique !

– Utiliser une partie de la manne financière que représente la Taxe de séjour. 

 Par exemple, utiliser 10 à 15 millions d’€ de cette taxe pour financer un fonds de compensation des émissions GES.

– Avoir une politique de soutien aux investissements touristiques durables.

D’une manière générale, il est nécessaire que la Ville amplifie les incitations pour la conversion de l’offre touristique durable : en investissant dans les équipements HQE, en soutenant les démarches de rénovation thermique et de labellisation (BBC énergies, écolabel européen, etc.) développement des labels (eco label européen)  d’une offre d’hébergement à destination des clientèles jeunes et familles. C’est particulièrement vrai pour les Auberges de Jeunesse ; le besoin estimé est de 4000 lits supplémentaires à l’horizon 2025. [1]

  • Développer l’offre d’hébergement en direction des jeunes et des familles

 Afin de permettre à tous les publics de venir visiter Paris, il convient de soutenir les projets de création d’hébergements à destination des jeunes (les Auberges de jeunesse) et des familles (chambres adaptées pour les accueillir) avec des tarifs abordables. Il est indispensable également de développer une politique de soutien aux projets innovants aussi écologiquement que socialement, pour faire de Paris, la première destination mondiale durable et responsable. Pour le permettre, la Ville devra mettre en œuvre des incitations et soutenir financièrement certains de ces projets.

  • La gouvernance – il conviendra de discuter des différentes actions à mener à l’échelle de la métropole/Région Paris Île-de-France

 Autant il est légitime que la Ville accueille les touristes sur son territoire et organise la communication de proximité sur son offre touristique, autant la Région pourrait s’occuper de la promotion de la destination à l’international, de l’accueil dans les aéroports, de l’accompagnement des professionnels.

Par ailleurs, il est évident que la Ville doit avoir une politique d’investissements plus ambitieuse, plus soucieuse de l’impératif écologique et tournée vers l’avenir, pour faire de Paris, certes, la première destination mondiale mais également la première destination mondiale durable (et responsable).

  • Faire une campagne de sensibilisation sur les attraits du tourisme et sur l’accueil des touristes.

 La méconnaissance du poids économique et social du tourisme favorise l’aversion pour ce secteur. Or, comme nous l’avons vu,il est prépondérant pour Paris, et pour les Parisien/nes.

  • La nécessaire prise en compte du tourisme dans les politiques de transports.

D’une part, pour améliorer les trajets des touristes notamment vers les aéroports, y compris le Bourget, mais, également, une réflexion doit être menée sur la cohabitation entre usagers quotidiens et touristes. On pourrait imaginer par exemple des Pass à destination des touristes sur des plages horaires spécifiques (ex : 10h-16h puis 20h-1h) avec un tarif spécifique. Aujourd’hui, les transports ne sont appréhendés par le STIF que sous l’angle trajet domicile-travail. Il faudrait y intégrer les dimensions loisirs des parisien/nes et des francilien/nes. Cette perspective serait à débattre avec un groupe de travail transports transversal, tout comme la circulation des autocars de tourisme.

  • Renforcer la piétonisation de la capitale et les circulations douces.

Cela permet de fluidifier les transports et renforce l’attractivité de Paris.  L’animation du fleuve et des berges sont également un enjeu d’avenir important pour les Parisien/nes et pour les touristes. On peut, par exemple, imaginer des projets innovants et écologiques sur la Seine.

  • Continuer à contribuer au droit à des vacances pour toutes les Parisiennes et tous les Parisiens.

 

  • Soutenir les professionnels dans la reprise en main de leur commercialisation pour limiter l’action des « Online Travel Agencies ».

 En effet, nous aiderons les hôteliers à s’organiser pour limiter l’action des Booking et des Trip Advisor dont les commissions à s’accroissent de façon déraisonnable.  

  • Développer un tourisme plus solidaire.

 Nous renforcerons les associations de Greaters (parisiennes et parisiens) qui font découvrir bénévolement la ville, ainsi que toutes les actions et pratiques qui participent d’un tourisme plus raisonné, ou dans les arrondissements  les moins touristiques (19ème, 20ème notamment).



[1] L’Auberge de jeunesse de la Zac Pazol, fait parti d’un ensemble de bâtiments à énergie neutre.  C’est un projet exemplaire largement financé par la Ville et la Région, et le type de projet innovant qu’il faut développer. http://www.semaest.fr/sites/default/files/dossier_de_presse_zac_pajol_01.2012.pdf